Témoignage | "Nous souhaitons une éducation non genrée pour notre fille"

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Charlotte, 25 ans, est la maman de Léopoldine, une petite fille de 5 mois. Avec son mari, ils ont fait le choix d'élever leur enfant de façon non genrée, pour lui laisser le choix, justement, en l'influençant le moins possible. Loin des clichés sur ce type d'éducation qui, finalement, est davantage un rapport au monde qu'un principe éducatif tout tranché, Charlotte raconte comment l'éducation non genrée s'est tout naturellement imposée à eux.

"Je suis amoureuse de l’homme de ma vie depuis 9 ans et nous sommes mariés depuis 1an. Peu avant notre mariage, nous avons eu la bonne surprise d’apprendre ma grossesse (enfin… presque… On avait fait enlever mon implant 2 mois plus tôt en vue d’un projet bébé). Début février, notre petite Léo est née en pleine forme et depuis nous nous émerveillons un peu plus chaque jour de l’avoir auprès de nous.

C'est pour une vraie personne qu'on veut se battre et faire changer les choses, pas pour un fantasme.

Avant la naissance de Léo, nous avions déjà décidé que nous voulions une éducation non genrée pour notre enfant quel que soit son sexe. À plusieurs reprises, mon mari et moi avons été confrontés à des situations et des discours qui nous ont dérangés, voire profondément choqués: les violences conjugales incomprises et minimisées, le congé paternité plus court parce que l’homme n’a pas besoin de s’occuper de son enfant, le fait de ne pas pouvoir choisir un vêtement dans un magasin pour bébé car la vendeuse estime que le jaune est réservé aux garçons, la taxe rose (taxe invisible sur les produits pour femmes, ndlr) qui commence déjà avec les jouets pour enfants… Depuis sa naissance, notre envie d’éduquer notre enfant de façon non genrée s’est encore plus développée. Léo est là, avec nous, en chaire et en os. C’est concret, c’est pour une vraie personne qu’on veut se battre et faire changer les choses, pas pour un fantasme.

Lorsque nous avons fait sa liste de naissance, nous ne savions absolument pas quoi prendre, on ne savait pas par où commencer et le design était le cadet de nos soucis. Ce qui comptait le plus pour nous était l’aspect pratique et sécuritaire (et peut-être aussi un peu financier). Nous avons choisi son matériel de puériculture, ses vêtements et ses jouets, soit en magasin dans des tons qui nous plaisaient sans tenir compte du genre, soit en seconde main et nous faisons avec ce que nous avons sans trop nous poser de questions.

Pour annoncer le sexe de notre bébé (impossible de ne pas le dire au parrain, à la marraine et aux grand-mères), nous avons montré un extrait de film (le début du Roi Lion 2 quand Simba annonce le sexe de sa fille à Timon et Pumba). Nous avions déjà vaguement expliqué notre projet éducatif avant la grossesse avec notre entourage mais cette annonce a été l’opportunité de revenir sur le sujet. Nos amis tiennent à peu de choses près le même discours que nous et partagent notre point de vue. Pour les personnes plus réfractaires, nous répétons inlassablement ce que nous voulons pour notre fille et même s’il y a quelques yeux levés au ciel, généralement les gens respectent notre choix.

Plus qu'une éducation non genrée, ce qui nous semble important c'est qu'elle puisse développer son esprit critique et une ouverture d'esprit.

À travers nos discussions, en couple et avec notre entourage proche, il est devenu de plus en plus évident que pour changer les mentalités et offrir un avenir plus serein et sécuritaire à notre enfant, il fallait mettre des choses en place. Chaque petit détail compte, que ce soit la couleur des vêtements, le choix des jouets, le fait de répéter plusieurs fois le même discours lorsque notre entourage fait une maladresse. On ne cherche pas nécessairement à interdire le rose et tous les objets pensés pour les filles par principe, mais on précise que certains types de jeux ne sont pas autorisés sous notre toit (au feu l’aspirateur Dyson rose pour "faire comme maman") et qu’on préfère des vêtements confortables peu importe qu’ils viennent du rayon fille ou garçon.

Ce que nous souhaitons, c’est faire découvrir un maximum de choses à notre enfant, lui laisser la possibilité de développer sa créativité à travers les jeux et, si elle souhaite, le temps d’une après-midi se transformer en princesse ninja qui chasse les dinosaures avant de boire une tasse de thé avec des pirates. Soit! Je sortirai ma robe et mon sabre! Et je refuse qu’elle ne puisse pas vivre toutes les aventures et les expériences qu’elle souhaite parce que « c’est une fille ou un garçon ». Si sa couleur préférée est le rose, tant mieux, si c’est le bleu, tant mieux aussi. On respectera toujours ses décisions, mais je veux qu’elles viennent d’elle et de personne d’autre.

Avec mon mari, nous avons décidé d’éduquer notre fille en l’influençant le moins possible pour qu’elle puisse poser ses propres choix, quels qu’ils soient et sur n’importe quel sujet. Plus qu’une éducation non-genrée, ce qui nous semble important c’est qu’elle puisse développer son esprit critique et une ouverture d’esprit.

Si dés son plus jeune âge on lui impose de s’habiller d’une certaine façon, on lui impose de ne jouer qu’avec certains jouets, sans même lui laisser la possibilité de choisir, en la cantonnant à une place prédéfinie parce qu’elle est née fille, comment peut-on lui apprendre à faire ses choix? Si elle n’a pas eu l’opportunité de vivre plusieurs expériences et d'avoir un panel large pour choisir?

C’est en la laissant choisir la place qu’elle souhaite avoir dans la société et en la soutenant qu’elle pourra véritablement s’épanouir, selon nous."

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auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: août 2021

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