Témoignage: 'Mon accouchement voie basse après une césarienne'

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dossier Line est maman de deux petits garçons. Elle a connu ce qu’on appelle un AVAC: accouchement vaginal après césarienne. Elle nous raconte comment elle a vécu ces deux expériences.

« Pour mon premier accouchement, j’avais envisagé à peu près tout sauf la césarienne. C’est bête mais comme les femmes de mon entourage (mère, grand-mères, tantes…) n’ont jamais eu de césarienne, je m’étais mis dans le crâne que ça n’arrivait qu’aux autres. Et puis le jour J est arrivé, et une souffrance fœtale aiguë plus tard, me voilà sur la table d’opération, accompagnée du futur papa, pour une césarienne d’urgence. Tout s’est bien fini, et je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir été traumatisée par cette césarienne, comme c’est souvent le cas.

Une césarienne pas prévue du tout

Bien sûr ça n’a pas été anodin, mais j’ai surtout très mal vécu les suites de couches, pour plein de raisons dont les douleurs dues à l’intervention. Quand on a une césarienne, la convalescence n’existe tout simplement pas. J’avais accouché dans un hôpital au label ami des bébés, effectivement top pour la mise en place de l’allaitement etc., mais on ma refusé tout relais, même d’une heure, pour que je puisse souffler (dormir!!!) un peu. On m’a collé mon bébé dans le lit, et débrouillez-vous madame. Vous avez mal? Courage, ça va passer. Vous voulez dormir? Prenez votre bébé en cododo, c’est l’idéal pour les mamans césarisées. Bon.

Feu vert pour une voie basse

Enceinte de mon deuxième, je m’étais psychologiquement préparée à une nouvelle césarienne. Les gynécos m’avaient tout de suite rassurée: on ne fait pas de césarienne quand on peut éviter. Pour la gynéco qui me suivait, rien ne contre-indiquait une voie basse, a priori. Elle m’a quand même prescrit une échographie de contrôle de la cicatrice, réalisée 2-3 semaines avant la date présumée de l’accouchement. L’échographie a montré une belle cicatrice sans adhérences, j’avais le feu vert pour une voie basse.

Les derniers jours, j’ai essayé de me projeter dans aucun scénario. Si j’avais une voie basse ce serait fabuleux, je rêvais d’accoucher comme ma mère l’avait fait, et je savais que j’en étais capable. J’étais aussi simplement hyper curieuse de l’accouchement vaginal, j’avais envie de savoir comment c’était. Mais je gardais dans un coin de ma tête l’option césarienne.

Les contractions ont commencé doucement, un matin. Elles se sont intensifiées et nous sommes tranquillement partis à l’hôpital. Dès le monitoring posé, la sage-femme s’est montrée très claire, mais du coup aussi anxiogène, malgré sa douceur: le cœur de mon bébé faisait, comme pour mon aîné, des hauts et des bas – surtout des bas – et ils n’aimaient pas ça. Elle m’a mise au parfum: dans un cas d’antécédent de césarienne, si les choses ne se présentent pas bien, ils n’attendent pas et alors c’est césarienne d’office. Je suis dépitée. La contraction passée, j’expire un « c’est mort, je vais avoir une autre césarienne ». Je suis déçue mais je ne m’effondre pas. Pour moi, seule la vie de mon bébé compte et je ne vois pas la césarienne comme un échec. « Il faut ce qu’il faut! »

Faire comme ma mère

On m’installe en salle d’accouchement. Le travail s’intensifie, les contractions sont insupportables et je supplie pour avoir la péridurale. Mais l’anesthésiste n’est pas disponible. Cet après-midi là, on est plusieurs à accoucher en même temps. Un peu dépassées, les sages-femmes me laissent tranquille. Est-ce ça qui a donné une tournure favorable aux événements? Je ne sais pas. Je me souviens qu’à un moment donné, submergée par les contractions qui ne me laissaient aucun répit, on m’annonce que, si pour moi c’est de pire en pire, pour mon bébé c’est de mieux en mieux et que son rythme est stable. Il va bien, les choses suivent leur cours! À peine 4 heures après mon entrée à la maternité, je sens que ça pousse tout seul. La sage-femme m’examine « c’est votre bébé, il est là! ». Elles ont à peine eu le temps de m’installer que me voilà en train de pousser de toutes mes forces. Je sentais tout, et pousser dans les contractions me soulageait. 3 contractions plus tard, mon bébé était là. Petit, glissant, criant.

J’avais réussi!!! J’avais fait comme ma mère, décédée quelques mois plus tôt. « Tu vois maman, j’ai fait comme toi, je sais ce que tu as vécu maintenant! » Ai-je pensé.

Césarienne ou voie basse, même combat!

Le post-partum n’a pas été facile non plus, pour d’autres raisons que, césarienne oblige, je n’avais pas connues. Le périnée abimé, la difficulté à retenir la miction, la peur de s’assoir… Comme je l’ai souvent dit, pour moi, les deux – voie basse et césarienne – ont leurs avantages et leurs inconvénients. Ce qui est certain, c’est que j’ai véritablement ressenti un soulagement de me dire « ben voilà, maintenant tu sais ce que ça fait d’accoucher ». Pourtant, je n’ai jamais vu la césarienne comme un non-accouchement, mais malgré tout, je gardais ce sentiment d’inachevé. J’ai aussi fortement ressenti cette connivence avec ma mère. Je me souviens que, pendant la poussée, je pensais à elle et à mes grand-mères… C’était très fort!

Avec le recul, je suis heureuse d’avoir connu les deux. De par mon travail, je suis souvent au contact de futures et jeunes mamans, je me mets peut-être, du coup, plus facilement à leur place. Je ne m’étais pas sentie moins maman lors de ma césarienne d’urgence. J’avais été respectée, même si l’accouchement avait quand même été angoissant. Je ne dirais jamais qu’un accouchement est plus facile que l’autre. Une césarienne est une opération invasive dont vous avez à peine le temps de vous remettre qu’il vous faut renter chez vous avec un bébé tout neuf qui dépend entièrement de vous. Un accouchement voie basse peut laisser des traces qui touchent à l’intime et peuvent mettre du temps à guérir. Dans les deux cas, j’ai accouché de mes bébés… on m’a juste un peu aidée! »

auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: juin 2023
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