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L'haptonomie est bien plus qu'une préparation à l'accouchement. Véritable "philosophie de la relation" à l'autre - en l'occurence ici, à l'enfant - elle a un intérêt en prénatal, mais aussi en postnatal. Mais en quoi consiste l'haptonomie exactement? Comment se déroule une séance? Pour qui, et à quel moment commencer? On vous dit tout.
Du grec, haptos = toucher et nomos = loi, norme, l'haptonomie est définie comme une science de l'affectivité, plus exactement "la science des interactions et des relations affectives humaines", comme le définit le site Haptonomie en Belgique. Fondée par le thérapeute néerlandais Frans Veldman, cette technique n'est pas une thérapie mais une méthode de soin et d'accompagnement qui repose sur le sens du toucher.
Dans le champ périnatal, l'haptonomie permet aux parents d'établir un contact affectif avec le bébé, en communiquant avec lui au moyen de caresses et de petites pressions, et cela très tôt dans la grossesse. Elle vise aussi à soulager et détendre la future maman, et à impliquer pleinement le papa, co-parent ou tiers qui sera présent à l'accouchement.
Toucher, contact, accompagnement, lien, sécurité affective sont les maitres-mots de l'haptonomie.
Contrairement à beaucoup de préparations à l'accouchement qu'on entame généralement assez tard dans la grossesse, l'haptonomie, plus elle est pratiquée tôt, mieux c'est. La discipline se pratique donc dès les premiers mouvements actifs de bébé, à partir de la fin du quatrième mois de grossesse. Certains parents, souvent sensibilisés à la pratique lors de l'arrivée d'un premier bébé, commencent même bien plus tôt, dès les premières semaines de grossesse.
En revanche, si vous lisez cet article enceinte de 7 mois, c'est un peu tard pour commencer. L'haptonomie demande un certain temps de pratique.
Dans le cabinet du thérapeute, le père et la mère (et parfois, en dehors du cabinet de l'haptothérapeute, le grand frère ou la grande soeur) apprennent à positionner leurs mains sur le ventre en appliquant de très légères pressions ou des caresses pour échanger avec bébé. Stimulé, le fœtus répond par des mouvements, des changements de positions, jusqu'à venir se placer contre la main de maman ou papa. À en croire certains témoignages, ça peut même être impressionnant, surtout en fin de grossesse. Il se créé ainsi, bien avant la naissance, un échange et un lien affectif mutuel entre les parents et l'enfant. Une séance dure entre 40 minutes et une heure.
Les dernières séances sont davantage tournées vers l'accouchement : les futurs parents apprennent à accompagner leur bébé. La maman apprend à faciliter le passage de son enfant, et le futur père s'initiera aux gestes destinés à favoriser la détente et le confort de la future mère, au moyen de positions et/ou de pressions sur le ventre ou encore la cuisse de la maman.
Le vrai plus de l'haptonomie? L'importance de l'implication du papa. Le père, forcément exclu de la symbiose physiologique mère-fœtus, trouve là un moyen exceptionnel d'entrer en contact avec son enfant avant la naissance. Lors des séances, les gestes sont accompagnés de la voix. Or, le futur bébé étant plus sensible aux sons graves, la voix de papa sera particulièrement appréciée et bébé "sentira" déjà que papa est là.
L'haptonomie permet donc de diminuer le décalage entre le vécu du père et celui de la mère par rapport au bébé. C'est bien souvent ce qui fait le succès de cette technique, très appréciée des hommes, qui ont alors le sentiment d'être "autant là" que la maman.
Il y a plusieurs écoles, la plus commune étant que l'haptonomie fonctionne sur le principe du trio. L'idée n'est pas de "casser" le lien mère-enfant inhérent à la grossesse, il est là de toute façon et est essentiel, mais l'haptonomie se fonde sur l'idée que, pour engendrer un individu, il faut être trois (ou plus, en cas de grossesse multiple) et que l'enfant sera rassuré par la perception d'une personne autre que sa mère. Il est donc généralement conseillé à une maman seule de trouver quelqu'un suffisamment engagé dans sa maternité, souvent une autre femme, pour l'accompagner.
Cependant, certains haptothérapeutes envisagent les choses un peu autrement. Pour ceux-ci, le lien mère-enfant n'est justement pas toujours si évident, et il est dommage d'empêcher une future maman, dont le compagnon est souvent en déplacement par exemple, de réaliser ce travail. L'haptothérapeute étant, par essence, déjà une tierce personne.
L'haptonomie ne se limite pas à une préparation à l'accouchement. C'est même tout l'intérêt de cette méthode qui s'étend largement au-delà de la naissance. En général, une séance est réalisée en post-partum, uniquement tournée vers la maman, toujours en présence du papa (ou co-parent).
Ensuite, des séances sont programmées jusqu'à l'acquisition de la marche de l'enfant (et même au-delà), souvent aux grandes étapes de développement (3-4 mois, 9 mois, quand bébé se met debout...). L'haptonomie permet alors de répondre aux questions que tous les jeunes parents se posent: comment porter mon bébé, le toucher, le masser, comment le soulager, par exemple s'il a des coliques, et enfin comment l'accompagner dans l'acquisition de son autonomie, sans jamais forcer? Véritable philosophie de vie, l'haptonomie accompagne les parents plusieurs années, comme une façon d'être au monde.
À savoir: l'haptonomie peut aussi tout à fait servir avant la conception, dans le cadre de troubles de la fertilité par exemple.
Pour en savoir plus :
haptonome.be
Haptonomie. Science de l'affectivité, par Frans Veldman, éditions PUF
L'Haptonomie périnatale, Dr Catherine Dolto, CNRS, Circo-éditions Gallimard
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