Bordel! Jurer devant ses enfants n'est pas dramatique

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Vous pensiez que dire "putain" ou "merde" devant vos enfants c'était mal? Détendez-vous, ça n'est pas dramatique (et c'est la science qui le dit).

"Mer...credi", lâchez vous devant vos enfants, à la place d'un bon gros "merde" qui, c'est sûr, vous aurait bien soulagé sur le moment. S'il est communément admis par (presque) tous que dire des gros mots devant les enfants, c'est pas bien, certaines études relativisent l'impact de vos jurons sur vos enfants.

Les enfants apprennent des gros mots, c'est normal, et ils le font même sans vous

Dans The Science of Swearing - un article de l'Association for Physicological Science - Kristin Janschewitz, chercheuse en psychologie, explique que les jurons sont une partie inévitable de l'apprentissage du langage qui commence tôt dans la vie. "Nos données montrent que les jurons apparaissent à l'âge de deux ans et ressemblent à ceux des adultes à l'âge de 11 ou 12 ans (...) Nous n'avons pas encore déterminé ce que les enfants savent de la signification des mots qu'ils utilisent. Nous savons que les jeunes enfants sont susceptibles d'utiliser des mots offensants plus légers que les enfants plus âgés et les adultes."

Si maman dit "balek", alors le mot "balek" n'est plus cool

Et c'est aussi l'idée partagée par Benjamin Bergen, auteur du fameux ouvrage qui avait déculpabilisé tous les parents du monde en 2016 What the F - What Swearing Reveals About Our Language, Our Brains, and Ourselves. Le linguiste américain, papa et amateur de jurons (le fameux F*** word) dédramatise le rôle des parents dans la transmission des mauvaises habitudes: de toutes les façons, les enfants apprennent les vilains mots - et plus particulièrement les mots blasphématoires (très présents en langue anglaise) - à l'école, la plaine de jeux, ou avec leurs frères et sœurs plus grands.

Et il va même plus loin: ces jurons blasphématoires sont aussi un moyen de s'affranchir de l'autorité, de briser les règles. Et si vous parent, figure de l'autorité ultime pour vos enfants (du moins on l'espère pour vous) lâchez de temps en temps un "bon Dieu de m****", ce juron ne paraitra pas aussi subversif, aussi "anti-autorité" aux yeux de vos enfants, ou comme quelque chose appartenant à leur génération. En résumé, c'est l'éternelle règle des interdits qui donnent envie aux enfants d'aller vers ces interdits. De là à ce que le chercheur nous conseille de lâcher un "Je m'en bats les c*****" pour ôter toute envie à notre chérubin de nous le balancer en pleine figure, un jour de rébellion, il n'y a qu'un pas (qu'on a très envie de franchir parfois, avouons-le).

Jurer n'est pas blesser...

Benjamin Bergen explique que, contrairement à ce que disent certaines autorités de santé, proférer des jurons (un peu) devant les bambins ne provoque pas chez eux de comportement agressif. En tout cas, aucune preuve scientifique n'a, à ce jour, étayée cette hypothèse. "En tant que parent, on a cet instinct de ne pas jurer devant ses enfants. J'ai donc décidé d'envisager ce phénomène avec un regard scientifique. Résultat, il a été démontré que jurer occasionnellement en présence de ses enfants, avec des mots comme "merde" ou "bordel", n'a aucun impact sur leur bien-être, leur socialisation et leur développement émotionnel."

...Jusqu'à un certain point

Mais le linguiste apporte évidemment quelques nuances à son propos. La violence verbale peut blesser. Et la violence verbale inclut le fait de jurer, les insultes, le dénigrement, notamment sur le physique ou l'orientation sexuelle d'un enfant ou d'un adolescent. "Nous pouvons suivre dans le temps comment les enfants qui sont exposés à un langage abusif montrent une augmentation de l'anxiété, de la dépression et des troubles à l'école", explique Bergen.

Il convient donc de faire la différence entre jurons et insultes. À vous, parents, d'expliquer comme certains mots peuvent faire mal. Vous dérapez et traiter de gros c***** un chauffard qui vous a grillé la priorité? Expliquez simplement pourquoi maman a agi ainsi et a utilisé ce mot.

Enfin, il y a la répercussion sociale que jurer continuellement peut avoir. Si lâcher un juron de temps en temps ne fait pas de mal (au contraire, ce serait même cathartique, voire positif dans certaines situations, en incitant à l'humour par exemple), dire des gros mots toute la journée n'est pas sans conséquences dans la vie en société. Des jurons, ok, mais avec modération donc. Soulagés?

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auteur : Amélie Micoud - journaliste santé

Dernière mise à jour: juillet 2022

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